NB : cet article représente mon expérience et mon opinion en date de mes dates d’emploi et n’est pas lié aux politiques actuelles de l’entreprise
C’est une folie !
Tu quittes tellement d’avantages sociaux !
Comment vas-tu faire pour ton congé mat ?
Voici quelques commentaires que l’on reçoit lorsque l’on annonce nos volontés de démissionner de Google.
En interne ? Nous nous félicitons d’une telle décision !
Le courage de démissionner
Car il en faut du courage lorsque l’on démissionne d’une multinationale comme Google, c’est au revoir :
- A un salaire plus que confortable et aux avantages financiers multiples
- A la mutuelle d’entreprise et des avantages sociaux (pas de sécurité sociale à l’étranger!)
- A la nourriture délicieuse des chefs
- A la formation continue
- A des conditions de travail (physiques) agréables
Quitter Google est donc un risque.
L’entreprise offre des avantages financiers tellement intéressants que l’employé n’est point encouragé à aller voir ailleurs. C’est le concept des Golden Handcuffs.
Alors pourquoi démissionner ?
Toute expérience en entreprise se comprend de plusieurs phases. Je vous partage mes phases.
La phase lune de miel
Tout d’abord vous rejoignez une nouvelle entreprise. C’est la phase découverte. Et vous y découvrirez des plaisirs.
Pour moi, ce sera notamment :
- Un travail multiculturel entre le Royaume-uni, l’Irlande et l’Inde
- Un manière exponentielle d’apprendre, à un rythme effréné et ça me plaît!
- La culture “Google” et l’appartenance : les soirées, les conférences à Las Vegas, les avantages etc
Mais pas seulement :
- La confiance : après avoir été embauchée sans cooptation (seulement 5% des entrées), je gère du haut de mes 24 ans un portefeuille de clients prestigieux de plusieurs millions de dollars
- La liberté de travailler sur plusieurs projets à la fois
- Le développement personnel : point que j’ai très tôt beaucoup investi personnellement
La phase risque / plateau
Cette lune de miel dure entre 6 mois et 1 an selon les personnes et entreprises.
Après un an et demi, la chasse à la promotion se met en place pour moi.
En multinationale, cela veut dire :
- Atteindre objectifs après objectifs, sans prendre de recul
- Rythme mental et physique effréné et épuisant
- Une sur adaptabilité
Pas de repos, à peine la promotion obtenue, il faut penser à la prochaine promotion (tous les 2 ans environ).
Pourquoi phase risque ? Cette phase intense, est un premier pas dans le stress chronique et le risque de burnout est bien présent.
Et c’est ainsi que l’on atteint la phase plateau, épuisés, stressés, les apprentissages majeurs et action majeures mises en place, vous stagnez.
La phase prise de conscience
Après la phase de lune de miel, puis la risque / plateau, arrive les prises de conscience.
De mon côté, questionnements sur :
- les décisions managériales
- les politiques de recrutement (de plus en plus d’intérim)
- le sens et l’impact de mon travail
- les scandales …
Ces questionnements sont bénéfiques puisque mettent en avant mes valeurs bafouées.
Lorsque l’on atteint cette phase, les questions arrivent “dois-je rester”, “dois-je partir”, « qu’est-ce que je veux vraiment?”…
La phase seconde chance
Comme je le disais en introduction, partir n’est pas toujours simple. Pour des raisons personnelles, vous pouvez préférer rester.
Un projet de déménagement en Australie met de côté mes questionnements.
Ainsi se crée la phase “seconde chance”.
Nouveau départ mais les problèmes ont juste été déplacés. De nouveau :
- Une nouvelle réorganisation (j’en suis à mon 9è manager en 5 ans).
- Pas de vision pour mon équipe – l’entreprise change ses priorités. Nous devons passer des entretiens pour garder nos postes. Le mien est “sauvé”.
Cette phase est la phase qui mènera au trop plein.
La phase boreout / burnout
Et boum… le burnout ou bore out arrive.
Laissez-moi vous expliquer le bore out.
- Des journées sans but et sans travail
- Sentiment d’indifférence et d’ennui
- Manque de sens
- Déprime et fatigue chronique
- Dépréciation de l’estime de soi
Les risques sur la santé sont autant graves que le burnout.
La démission
C’est à ce moment précis qu’il est important de prendre LA décision.
Se faire accompagner par un professionnel, psychologue ou coach permet souvent de passer un cap, car seul la capacité et la motivation n’y est souvent pas là.
Il m’aura fallu l’aide d’une coach. Planifier la sortie concrètement à l’instant T, les envies, les besoins, les valeurs… Et surtout donner un sens et un impact à mon futur projet professionnel.
De plus en plus d’employés de la tech quittent leur entreprise. Cherchez donc “Why did I leave Google” et vous verrez… !
Mon opinion et mes conseils pour travailler en multinationale ?
Google est voté une des meilleures entreprises au monde.
Mais la séparation Alphabet / Google, la démission de Page et Brin, la croissance du nombre d’employés, tout cela sous-entend un changement d’ambiance et de management. Le micro-management est présent, les bore out et burn out très fréquents, le harcèlement moral comme sexuel ne sont pas des mythes.
Les stratégies de sponsoring pour les promotions sont omniprésentes, être sur les bons projets pour avoir de la visibilité.
Notez que chez Google, bien que vous soyeux intrapreneur et entrepreneur de votre carrière, c’est bien souvent votre manager qui choisit votre évolution.
Pour les jeunes diplômés, Google n’est plus – selon moi – la bonne porte d’entrée pour une carrière en flèche. Les promotions prennent de plus en plus de temps, vous souhaitez être manager comptez environ 6 ans pour le devenir. Ce n’est plus une start-up.
Pensez à Google ou aux multinationales, plus tard dans votre carrière. Lorsque vous recherchez de la stabilité et une assise financière.
Au plaisir de répondre à vos questions.
Marion
